à Ferney Lundy au matin 18e May 1778
Monsieur mon très cher maître,
J'ai bien reçu vos deux Lettres du 10 et du 13, et j'ai éxécuté tous les ordres que vous m'y donniez.
Je joins icy la consultation contre Mr De Brosses.
J'espère apprendre par le courier qui arrivera ce matin, que vous avez reçu tous vos papiers qui étaient dans le tiroir du milieu de vôtre chambre à coucher, et ceux de littérature qui étaient sur vôtre bureau.
Je vous ai envoié aussi la note de toutes vos créances. Je vois par mon double que j'avais oublié Mr Deflorian. J'emporterai avec moi les papiers qui le concernent. Je crois qu'il vous fera toucher de l'argent à Paris. Mr Sherer a dû vous accuser aussi la réception de l'argent que je lui ai envoié pour vous.
Je fais partir aujourd'hui la Lettre pour L'Impératrice de Russie.
Plus de vingt personnes de dehors m'assuraient hier que vous aviez vendu Ferney à Mr De Boisy, ou à Mr De Vincy. Elles me mettaient en fureur; je ne conçois pas le plaisir que l'on a de faire courir ces sots bruits.
De toutes les affaires que j'envoie, il y aura de quoi charger un chariot sans ce qui sera sur le carosse. J'adresserai les caisses de livres à la personne que vous m'indiquerez, et si je ne reçois pas d'ordre positif, je les adresserai à Mr Le Noir, Lieutenant général de police, que vous aurez la bonté de faire prévenir. J'ai glissé des Pasc-Cond. et des Bib… parmi.
Je suis dans la dernière impatience d'avoir un peu arrangé toutes vos affaires, du moins le plus fort, pour aller vous rejoindre bien vîte. Ma femme à qui je laisserai des instructions finira et continuera comme si vous, ou moi étions icy.
Je suis pénétré jusqu'au fond du cœur des assurances que vous me donnez de la continuation de vos bontés pour moi, elles ne peuvent augmenter mon respectueux attachement pour vôtre personne.
Je suis avec le plus profond respect
Monsieur mon très cher maître
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Wagniere