à Ferney 11^e May 1778, Lundy au matin

Monsieur, mon très cher maître,

Je vous donne avis que je vous envoie aujourd'hui sous le couvert de M^r D'Ogny, un gros paquet contenant tous les papiers de Littérature que j'ai trouvés dans vôtre chambre, avec les vers en plusieurs langues.

Et sous l'enveloppe simple de M^r De Vaines, un volume du Pascal Cond… Vous aurez la bonté de le lui faire demander.

Vous trouverez cy joint une petite Lettre de change sur Paris qui était avec vos billets.

Un petit reçu de M^r De Laharpe.

Et les deux papiers concernant l'argent que vous doit M^r L'Epine.

J'ai choisi aujourd'hui tous les livres dont vous m'aviez donné la note.

J'ai déjà fait une partie de la note des billets que l'on vous doit, des abergements, Locations, et maisons en viager, et j'aurai l'honneur de vous l'envoier par le courier de Mercredy.

Mes inquiétudes et ma douleur viennent de redoubler en apprenant que vous êtes toujours malade. Certainement la nature est un peu injuste envers son chef d'œuvre. Puisse t-elle vous conserver autant que mon cœur le désire, et que vous le méritez, pour le bonheur des hommes et pour la prospérité de vôtre bel ouvrage de Ferney. Nous souhaittons bien vivement que Madame Denis soit delivrée de son rhumatisme.

Daignez, Monsieur, vous souvenir toujours avec bonté de vôtre enfant, qui vous aime avec la plus vive tendresse, et qui est avec le plus profond respect

Monsieur mon cher maitre

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Wagniere