1777-11-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Conseil de régence de Montbéliard.

Messieurs,

Je reçois aujourd'hui une Lettre du Roi de Prusse datée de Potsdam 9e 9bre.
Sa Majesté qui sçait le triste état où je suis avait bien voulu prier Monseigneur Le Duc De Virtemberg son ancien pupile, de me rendre la justice qu'il me doit. Il m'envoie la réponse de ce prince datée de Tubinge 16e 8bre. Voicy les propres paroles de S: A: S:

Je ne puis, Sire, que redoubler mes ordres à mon conseil de rêgence de Montbelliard, d'emploier tous les moiens pour que Mr De Voltaire soit contenté bientôt.

Je n'ai d'espérance, Messieurs, que dans la dernière parole que vous m'avez donnée. Accablé de créanciers, de procez et de maladies, ma seule ressource est dans vous. Vous pouvez sans doute m'envoier des Lettres de change de dix mille francs actuellement, et autant à la fin de Décembre, outre le paiement ordinaire de mes rentes. Je ne vous répète point combien celà est nécessaire à ma vie, combien je vous aurai d'obligation, et avec quelle vive reconnaissance j'aurai l'honneur d'être jusqu'à ma mort qui s'aproche,

Messieurs

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire