1767-12-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Monsieur,

Vous n'ignorez pas qu'après les saisies faittes par des marchands de Lyon sur les terres de Richwir au préjudice de mes droits, après les paiements éxigés par d'autres créanciers postérieurs à moi, j'ai été forcé de recourir aux voies judiciaires pour assurer mes intérêts et ceux de ma famille.

Vous savez que cette démarche était indispensable. Messieurs de la chambre des finances de Montbeilliard ont reconnu la justice de mes droits et la circonspection de mes procédés.

Vous êtes avocat de Monseigneur le Duc De Virtemberg, et vous pensez comme lui. Vous ne pouvez désaprouver aucune de mes démarches.

On me devra environ soixante et douze mille livres à la réception de ma Lettre. J'en demandais dix au mois de Décembre, et dix au mois de Janvier, avec le paiement de mes fraix et le reste en délégations sur des fermiers.

La chambre des finances m'a mandé qu'il y avait dix mille livres pour moi à Colmar, mais elle ne me les a point envoiées. Ni mon âge de soixante et quatorze ans passés, ni mes besoins pressants, ni ma famille ne me permettent d'attendre. J'ai l'honneur de vous en donner avis. Je vous suplie d'envoïer la copie de cette Lettre à Montbelliard, et de me croire avec tous les sentiments que je vous dois,

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire gentilhome orde de la chambre du Roy