à St: Petersb: ce i [12 n. s.] d'Octobre 1777
Monsieur, Pour répondre avec ordre à Vos lettre, il faut que je Vous dise premièrement que si Vous êtes content du Pr: Joussoupof je dois lui rendre le témoignage qu'il est enchanté et de l'accueil que Vous avés bien voulu lui faire et de tout ce que Vous avés dis pendant le tems qu'il a eu le plaisir de Vous voir.
Secondement je ne saurai Vous envoyer Monsieur un recueil de mes loix, parcequ'il n'en existe pas encore. L'année 1775 j'ai fait publier des règlemens pour le gouvernement des Provinces, ceux si ne sont traduit qu'en Allemand. La pièçe qui est à la tête rend raison du pourquoi de ses arrangemens, c'est une pièçe estimé à cause de la manière précise et consise dont y sont décrit les fait Historiques des différentes époques. Je ne croit pas que ses règlemens puissent servir aux treize cantons, mais je Vous envoye un exemplaire pour la bibliothèque du château de Ferney. Notre édifice Lesgislatif s'élève peu à peu, le fondement en est l'instruction pour le Code que je Vous ai envoyé il y a dix ans, Vous verrés que ses règlemens ne déroge point aux principes, mais qu'ils en découlent. Ses règlemens seront suivi de ceux de finances, de Comerce, de Poliçe etc: lesquels nous occupent depuis deux ans, après quoi le Code ne sera qu'un ouvrage aisé et façile.
Voiçi l'idée que je m'en fait pour le criminel, les crimes ne sauroit être en grand nombre, de proportioner les peines aux crimes. Je crois que cela demande un travail à part. Je pense que la nature et la force des preuves et des présomptions pourroit être réduites à une forme méthodique très simple, des demandes éclairçiroit le fait. Je suis persuadée et je l'ai établie que la meilleure des procédures Criminelles et la plus sûre est celle qui fait aller ses sortes de matières dans un tems fixé par trois instances, sans quoi la sûreté personelle pourroit être à la merçi des passions, de l'ignorance, des balourdises involontaires, ou des têtes chaudes.
Voilà des précautions qui pourroit ne pas plaire au St: office soit disant, mais la raison a ses Loix contre les quelles tôt ou tard le déraisonement échouë. Je me flatte que la société de Berne parceque Vous en êtes approuvera cette façon de penser. Soyés assurés Monsieur que la miene à Votre égard n'est soumise à aucune variation.
J'oubliai de Vous dire que l'expérience depuis deux ans nous persuade que la Cour d'Equité établie par mes Règlement, devient le tombeau de la Chicane.