1777-09-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Eugene von Württemberg, duke of Württemberg.

Monseigneur,

Voicy l'état où je suis réduit.
Après avoir paié six cent mille francs pour les maisons que j'ai bâties dans ma colonie, je me vois condamné au parlement de Bourgogne pour une somme modique de vingt cinq mille livres; mon château est en décret, mes meubles vont être vendus. Il n'y a que Vôtre Altesse Sérénissime qui puisse me tirer de cet abîme. Daignez me paier dix mille francs dans ce mois; daignez me les faire envoier de Stoutgard si on ne peut les prendre à Montbelliard. Aiez la bonté d'ordonner qu'on me paie dix mille Livres en Décembre. Je serai encor bien à plaindre, mais je vous rendrai grâce.

La douleur où je suis m'arrête.

Je suis avec un profond respect

Monseigneur

De Vôtre Altesse Sérénissime

Le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire