Ferney 29 août 1777
M. M.,
Je vois bien que s. a. sme a de la bonté pour moi, et qu'elle veut me rendre justice, puisqu'elle s'en rapporte à vous.
Je lui en fais mes très humbles remerciements.
Vous savez que je suis en droit d'exiger depuis longtemps l'argent que je vous ai prêté. Je vous prie de me rembourser dix mille livres au mois de septembre et dix mille à la fin de décembre.
A l'égard de cinquante mille francs qui resteront à payer, la facilité que je propose est assez grande de me rendre la somme en cinq années.
Si vous aimez mieux me faire une rente viagère elle pourrait vous coûter un peu davantage. Les rentes à quatre vingt quatre ans se doivent payer à vingt pour cent.
Dans l'état où je suis je n'ai qu'à vous supplier de régler vous même l'accord que vous voulez faire. Le temps presse à mon âge. Si je meurs aujourd'hui vous devez payer demain soixante et dix mille livres à mes héritiers. Je suis prêt à faire ce que vous jugerez convenable dans le peu de temps qui me reste à vivre.
J'ai l'honneur d'être &c.
Voltaire