24e 9bre 1772, à Ferney
Je vois, Monsieur, que l’emprunt proposé par la régence de Montbelliard, éprouve à Genêve beaucoup de difficultés.
L’hôpital de Genêve ne peut prêter que sur une caution bourgeoise, et il faut que l’homme qui sera caution soit domicilié dans la ville. Je puis rendre ce service à Son Altesse Sérénissime, en répondant en mon propre et privé nom, à celui qui cautionerait. Cette opération éxige des délais et des frais.
L’hôpital ne pourait fournir toute la somme que vous demandez; et il faudrait attendre que d’autres particuliers se présentassent pour la completter. Le banquier qui se chargerait de cette négociation, de vous fournir les fonds, et de paier aux genevois les arrérages, demanderait un pour cent sur le fond qu’il vous ferait tenir et un autre bénéfice sur les rentes qu’il paierait en vôtre nom, de sorte qu’il vous en coûterait mille francs d’abord, et ensuite un quart pour cent par année.
Il faut encor considérer qu’on ne paie dans cette ville qu’en argent de Genêve, sur lequel il y a toujours beaucoup à perdre.
De plus, la caution bourgeoise demanderait aussi une indemnité. Tout celà doit vous rebuter. Je suis persuadé que vous trouveriez beaucoup plus de facilités à Paris: et je vais écrire en conséquence. Il n’y a rien que je ne fasse pour servir Mgr le Duc de Virtemberg.
Je vous prie de faire ressouvenir de moi Mr Rosé.
J’ai l’honneur d’être bien véritablement, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire