à Ferney 25e xbre 1772
J’ai frapé aux portes de tous les hommes les plus opulents de Genêve, et j’en ai instruit Monsieur Jeanmaire.
J’ai écrit à Mr De La Borde, ancien banquier du Roi de France. Je me suis offert pour caution. Voicy la réponse du banquier du Roi du 18e xbre.
‘Je regrette, Monsieur, le temps où j’aurais pu avancer à la Régence de Montbelliard, les Cinquante mille écus que vous désirez pour elle, et que j’aurais eu infiniment de plaisir à lui prêter par le seul intérêt que vous y prenez; mais la révolution des rescriptions m’a ôté les moiens de faire des avances, et d’acquitter moi même ce que je dois, sans vendre des éffets précieux etca’.
Je vous rends ce compte fidèle, Messieurs, de tous les soins que j’ai pris pour vous faire plaisir. Je ne doute pas que vous n’aiez pris des mésures plus sûres, et que vous n’aiez trouvé de l’argent à Bâle. Pour moi qui suis dans un état beaucoup plus triste que Mr De La Borde, la banquier du Roi, je vous prie d’y avoir un peu d’égard. Je ne vis que sur l’argent que j’ai placé sur vôtre caisse, et ce n’est que sur cet argent que j’ai offert vôtre caution. Vous savez que quand je vous ai prêté mon argent je l’ai prêté à quatre pour cent, lorsque j’avais le droit d’en éxiger cinq et que vous en auriez paié plus de six à Genêve. Je n’ai eu d’autre objet que de servir Monseigneur Le Duc de Virtemberg. J’ai tout lieu de me flatter que vous ordonnerez au sr Rosé de me paier ce qu’il me doit. Je compte sur vôtre justice.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments qui vous sont dus
Messieurs
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire