1769-05-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Sébastien Dupont.

Mon cher ami, il est très convenable que j'aie entre les mains le contract du baron banquier Dietrich, et je vous prie instamment de me le faire avoir.
Il n'importe pas dans quel tems vous rédigiez mon contract; celà sera aussi bon à la fin de Juin qu'au commencement. Je fournis 96000lt à Mr le Duc De Virtemberg. Il est déjà paié de 70000lt par ses deux billets que je lui rends. J'ai donné sept mille Livres que Rosé me devait à la fin de mars; 15000lt que Le sr Moiner, receveur des forges de Montbelliard, me devra à la fin du mois de Juin, et 4000lt sur les 7000lt que Rosé me devra à la fin du même mois de Juin. Cela fait juste les 96m/lt avec lesquelles mr Jeanmaire peur rembourser le baron banquier Dietrich.

Voilà donc une affaire réglée, et on aura trente jours pour faire venir les papiers du Baron, et pour faire le contract dans la forme la plus honnête et la plus valable. Il n'y a point d'affaire plus nette et plus aisée. Je sais bien que je serais très embarassé si les paiements dont les receveurs de Montbelliard et de Richwir sont chargés n'étaient pas éxacts; car je dois moi, être très éxact à fournir à ma famille une pension de plus de trente mille livres. Je bâtis des fermes qui coûtent considérablemt, et je n'aurais aucune ressource sur la fin de ma vie si les gens de M: Le Duc De Virtemberg me manquaient.

En un mot, mon cher ami, je m'en remets entiérement à vous. Aiez la bonté de vous arranger avec Jeanmaire qui a toujours besoin d'être un peu éxcité.

Je vous embrasse du meilleur de mon coeur.

V.