11e auguste 1777, à Ferney
Messieurs,
Dans le dérangement prodigieux que ma colonie me cause, j'ai beaucoup de remerciements à vous faire des soulagements que vous avez bien voulu me procurer.
J'écris à S: A: S: Je lui propose de me paier dix mille francs au commencement de septembre, dix mille encor en Décembre, et de continuer ainsi à peu près de six mois en six mois, à rembourser petit à petit las soixante et dix mille livres qu'il me redoit; ou bien de me créer une rente viagère telle que vous la jugerez convenable à mon grand âge.
Je vous prie, Messieurs, de voir quel parti vous croiez le plus acceptable. Pourais je compter sur vingt mille francs d'icy à la fin de l'année? après quoi vous ne me seriez redevables que de cinquante mille livres, et vous étiendriez ce reliquat de la manière dont vous les jugeriez à propos.
Comme vous mettez, Messieurs, actuellement un nouvel ordre dans vos recettes de Montbelliard et d'Alzace, j'espère que vous voudrez bien m'y comprendre, et stipuler sans vous gêner la manière la plus praticable de finir absolument cette affaire de soixante et dix mille livres. Je m'en remets à vôtre prudence et à vôtre équité.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois
Messieurs
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire