1777-06-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Messance.

J'ai reçu, monsieur, ma condamnation par livres, sols et deniers, que vous avez eu la patience de faire et la bonté de m'envoyer.
J'admire votre sagacité, et je me soumets à mon arrêt sans aucun murmure. Tout le monde meurt au même âge; car il est absolument égal, quand on en est là, d'avoir vécu vingt heures ou vingt mille siècles. M. l'abbé Terray avait sans doute notre néant devant les yeux quand il a établi ses rentes viagères. J'ai fait mettre au chevet de mon lit mon compte final, dont je vous ai beaucoup d'obligations. Rien n'est plus propre à me consoler des misères de cette vie, que de songer continuellement que tout est zéro. Ce qui est très réel c'est l'exactitude de votre travail, son utilité et la reconnaissance que je vous dois. Ce sont les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être &c.