1777-05-31, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis François Armand Du Plessis, duc de Richelieu.

Souffrez, Monseigneur, que je suspende un moment mon triste état pour oser vous parler de l'étonnante issue d'une affaire dont les souterrains me sont encor inconnus.
J'ai apris que mon neveu D'Hornoy s'était conduit comme il le devait, et que M: Le Duc D'Orléans lui en avait témoigné sa satisfaction. Celà m'a un peu consolé, quoique d'Hornoy ait eu la modestie de ne m'en rien dire.

Je suis près d'essuier à Dijon à peu près la même avanture que la chicane vous a suscitée à Paris. Je ne me flatte pas de la soutenir avec autant de grandeur d'âme que vous. Il faut que chacun se tienne dans sa sphère. C'est à vous d'être toujours grand, et d'être supérieur aux évênements. C'est à moi d'être petit, et d'enrager sans en rien dire, mais de vous être toujours attaché avec le plus inviolable et le plus tendre respect tant que je respirerai dans mon trou, loin de la scène changeante de ce monde.

V.