6e Mars 1771, à Ferney
Je ne comptais pas, Madame, que ma réponse à vôtre Lettre serait de pleurer avec vous vôtre pauvre belle mère.
Je ne sais pas actuellement où vous êtes; j’adresse ma Lettre à Monsieur De Magnanville qui sans doute vous la fera parvenir.
Dans quelque endroit que vous soiez, mon cher neveu, je joins mes larmes aux vôtres. J’ignore si vous avez eu le tems d’aller à Hornoy, si vous y êtes, et ce que vous devenez. Je ne sçais pas d’avantage ce que vous deviendrez, ni comment finira la grande affaire. Mais après tout il faut espérer que les choses se termineront par la tranquilité et par la concorde. Il y a eu des troubles plus grands dans tous les états, et ces troubles se sont évanouïs avec le tems. Ce sont des maladies qui ont leurs périodes. Il faudra bien que vous et vos confrères vous rentriez dans le sein de vos familles. Pour moi j’irai bientôt revoir ma nièce vôtre mère. Je m’affaiblis tous les jours, et je m’étonne que n’aiant jamais eu de santé j’aie pu vivre si longtems. Conservez la vôtre, c’est le premier bien. Je vous prie, Madame vôtre femme et vous, d’avoir un peu d’amitié pour le vieil oncle qui vous aimera tant qu’il respirera.
V.