1777-03-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Paul Guy de Chabanon.

Je remercie le Théocrite français et non françois, qui va être mon successeur à l'académie.
Montagne dit quelque part, croyez vous qu'un vieillard rechigné et cacochime se plaise beaucoup à lire Théocrite et Tibule? Je réponds, oui, quand ils sont traduits par Monsieur de Chabanon. Vous rendez un vrai service au public en nous donnant de véritables ouvrages de littérature dans un tems oû on nous accable de sottises et de pauvretés qui rendent nôtre nation méprisable à toute l'Europe.

Je vous répète du fond de mon cœur que je vous aime autant que je vous estime. Ce sont les dernières volontés, et peut-être les dernières paroles du vieux malade de Ferney.

V.