1776-03-25, de Voltaire [François Marie Arouet] à Michel Paul Guy de Chabanon.

J'ai interrompu, mon cher ami, ma longue agonie, et les tristes soins qu'éxige ma Colonie dans mes derniers jours, pour écrire le plus fortement que j'ai pu sur ce qui vous est dû avec tant de justice.
Je suis si enterré loin du monde, que je ne sais pas quel est l'abbé Millot dont vous me parlez.

Il y a depuis un an un Théocrite en vers anglais qui m'a paru un très bon ouvrage; vous pouriez aisément vous le procurer à Paris.

Vous me dites que Mr de Ste Palaye tombe étrangement; je vous répons que je tombe plus que lui, et que ma place sera la première vacante.

La maisonnette qui est dans les bois de Prangins dont vous me parlez, apartient à mon ami Wagniere, qui a du bien vers ce païs là.

Vôtre Lettre n'est point datée. Vous ne me dites rien des édits, ni du lit de bienfesance, ni du ministre qui le premier, depuis la fondation de la monarchie, s'est déclaré le père du peuple. J'aime mieux ses écrits que les Idilles de Théocrite, excepté quand vous les traduisez.

V. t. h. o. s.

le vieux malade de Ferney V.