13 avril 1776
S'il y a, monsieur, quelque nouvel édit en faveur de la nation, quelques remontrances des soi-disant pères de la nation, quelque folie nouvelle de particuliers qui parlent au nom de la nation, je vous prie d'ordonner que cela me parvienne contre-signé, car dans l'état où je suis, je n'ai plus de consolation que celle de lire.
J'ignore si m. de Condorcet est à la campagne ou à Paris, j'ignore tout ce qui se passe.
On nous parle d'une caisse d'escompte dont plusieurs banquiers disent des merveilles. Peut-être ce qui est bon pour des banquiers, n'est pas si bon pour le public.
J'ai quelques petites discussions avec messieurs les fermiers généraux. Un particulier n'a pas beau jeu contre soixante souverains. Je me garde bien d'interrompre m. Turgot, et de l'importuner de mes affaires particulières avec ces messieurs. Je frémis quand je songe au prodigieux fardeau dont ce ministre est chargé, mais je frémis bien davantage en voyant l'obstination de ceux qui veulent avoir l'honneur d'être ses ennemis, et qui abjurent leurs propres sentiments pour combattre le bien qu'il veut faire.
Conservez vos bontés pour v. t. h. o. s.
Le vieux malade de Ferney V.