13e janv: 1776
Pardonnez à un vieillard ses indiscrétions et ses importunités.
Un des droits de votre place est d'essuyer les unes et les autres.
Vous faites naître un beau siècle dont je ne verrai que la première aurore. J'entrevois de grands changements; et la France en avait besoin en tout genre.
J'apprends qu'en Toscane on vient d'essayer l'usage de vos principes et qu'un plein succès en a justifié la bonté.
On me dit qu'en France des gens intéressés, et d'autres gens très ingrats qui vous doivent leur existence forment une cabale contre vous. Je me flatte qu'elle sera dissipée. Mon espérance est fondée sur le caractère du roi et sur les vrais services que vous rendez à la nation.
Le petit pays de Gex est à peine un point sur la carte, mais vous ne sauriez croire les heureux effets de vos dernières opérations dans ce coin de terre. Les acclamations sont portées jusqu'aux bords du Rhin. Vous ne vous en souciez guère, mais je m'en soucie beaucoup parce que j'aime votre gloire autant que vous aimez le bien public.
Permettez moi, monseigneur, de vous présenter sur un papier séparé, des prières et des questions, sur lesquelles je n'ose vous prier de me répondre. Mais je vous supplie de me faire savoir vos volontés par mr Dupont.
Je numérote mes prières, afin que pour épargner le temps et les paroles on me réponde ad primum, ad secondum, comme on fait en Allemagne, si mieux n'aimez faire mettre vos ordres en marge.
Triomphez, monseigneur, des fripons et de la goutte, conservez vos bontés pour le plus vieux de vos serviteurs et le plus zélé de vos admirateurs. Vous ne vous embarassez guère de son profond respect.
Le vieux malade de Ferney V.