à Louisbourg, ce 28 xbre 1764
Monsieur,
Je conviens volontiers avec vous que l'on ne sauroit prendre assés de précautions quand il s'agit de placer sa fortune. C'est aussi par le même motif que je n'ai pas hésité un instant Monsieur, à vous détailler mes raisons, lorsque vous me fites entrevoir vos inquiétudes sur la sûreté de vos rentes. M. Dupont votre avocat et le sr Jeanmaire en ont fait autant de leur côté, et peu de temps après j'apris à ma grande satisfaction, que la vérité avoit gagné le dessus et que vous étiés entièrement tranquilisé à cet égard.
Si dans le moment présent j'avois de meilleures raisons à vous alléguer Monsieur, je le ferois avec le plus grand plaisir. Mais à vous dire vrai, après le défaut d'insinuation et d'enregistrement aux Tribunaux de France du fideicomis qui cause tant de frayeurs paniques à Mrs vos neveux, je n'en connois point de plus fortes.
J'envisage donc par la même raison come très superflue l'accession de Mons͞gr Le Prince Louis, et pour ce qui concerne l'aprobation des Etats du Wirtemberg, la chose est entièrement impraticable. Le Wirtemberg et le Montbéliard, quoique gouvernés par le même Prince, ne se touchent en rien pour ce qui a trait à la régie des finances. Leurs Loix, leurs franchises, en un mot, toute leur Constitution différent, et le souverain cèderoit imanquablement une de ses plus grandes Prérogatives, si dans des cas pareils à celui ci, Il voulût recourrir aux Etats du Wirtemberg.
En attendant l'heureux moment, où je pourrai Monsieur, vous en dire d'avantage de bouche, je souhaite que tout ce que je viens d'alléguer, puisse vous convaincre suffisament ainsi que Mrs. vos Neveux, de la Droiture des Démarches de S. A. S. et dissiper conséquement des allarmes, qui à ce qu'il me paroit, ne doivent leur existence qu'à l'excès d'une prévoyance aussi inutile que surérogatoire.
Au reste, je forme Monsieur, à l'occasion de l'époque présente, les voeux les plus ardens et sincères pour la Continuation de votre Prospérité. C'est avec ces sentimens fondés sur un attachement inviolable et respectueux, que j'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur
le Cte de Montmartin