à Louisbourg, ce 10 8bre 1764
Monsieur,
Je n'ai goûté depuis lontems un plaisir plus pur et plus délicat que celui que m'a causé la réception de votre Lettre.
Non content d'avoir excité l'admiration générale par les qualités supérieures de l'esprit, vous ne cessés Monsieur, de vous faire estimer par celles du Coeur. Ce que vous venés de faire vis à vis de S. A. S. mon Maitre, en est une preuve évidente. Je n'ai eu rien de plus pressé que de Lui comuniquer le contenu de votre lettre et de Lui rendre compte des marques que vous avés voulu Lui donner de votre attachement. Elle y est très sensible, et pour répondre à vos nobles procédés Monsieur, Elle a consenti avec plaisir aux arrangemens que vous avés proposés au sr Jeanmaire, son Receveur général à Montbéliard. Je compte que celui-ci sera rendu à l'heure qu'il est au château de Ferney pour mettre la dernière main à cette affaire.
Je serois au reste on ne peut plus charmé, s'il vous restoit Monsieur, encore quelqu'idée de la connoissance que j'eus l'honneur de faire à Bareuth il y a une vingtaine d'années. L'impression que j'en ai conservée jusqu'ici, a toujours été très vive et j'ai même été tenté plusieurs fois depuis, de me transporter dans votre belle retraite, pour vous renouveller les homages que vous doit tout être pensant. Mais, come l'on n'est pas toujours le maitre d'exécuter ce que l'on désire avec le plus d'empressement, il faut que je provoque au témoignage de M. De Langallerie, que nous avons ici depuis quelque tems. Il pourra vous dire un jour, avec quel enthousiasme je me resouviens de vous Monsieur, et rends toute la justice due à votre mérite. Je vous prie Monsieur, d'être en attendant persuadé de l'exactitude, avec laquelle j'aurai soin de faire remplir nos nouveaux engagemens, ainsi que de la haute estime et de l'attachement inviolable avec lesquels j'ai l'honneur d'être
Monsieur
Votre très humble et très obéissant serviteur
le Cte de Montmartin