1777-01-26, de Ignace Frédéric de Mirbeck à Voltaire [François Marie Arouet].

L'acceuil flatteur que votre philosophie, votre humanité & votre indulgence ont fait à ma requête au roi, pour les malheureux habitants du Mont-Jura, me détermine à vous offrir un autre monument du même genre.

C'est un mémoire que j'ai composé pour la liberté du commerce des cuirs, contre les tyrannies qui les ruinent, & sur lequel le conseil n'a pas encore prononcé.

Il est bien vrai, monsieur, que ce monde est en proie à des oppresseurs de toute espèce & à des persécuteurs de toute sorte de robes; mais ce n'est pas une raison de l'abandonner.

Restez y longtemps, monsieur, pour la consolation des misérables victimes, dont vous avez plaidé la cause avec tant d'éloquence, restez y pour l'instruction des hommes; restez y pour l'honneur de l'humanité, & quoique le ciel soit la patrie naturelle d'une âme comme la vôtre, songez qu'il vaut encore mieux éclairer la terre: serus in coelum redeas. Tous les hommes vous adresseront à la fois cette apostrophe d'Horace, qui ne fut, sous sa plume, qu'un mot de flatterie, & qui, dans la bouche de vos contemporains sera l'expression de la vérité.

J'ai l'honneur d'être, &c.

de Mirbeck