13e Xbre 1776 à Ferney
Un très vieux hibou près de mourir dans une mazure entre le mont-Jura et les grandes Alpes, est extrêmement sensible aux bontés que lui témoigne un aigle autrichien.
L'esprit qui règne dans la Lettre de Bruxelles du 25 9bre ranimerait le pauvre hibou, si quelque chose pouvait le ranimer. Il se souviendra jusques dans ses derniers moments d'avoir voiagé autrefois, malgré ses aîles pesantes, vers les domaines de cet aigle charmant qui ne fesait alors que de naître, et qui depuis l'a honoré de tems en tems d'un souvenir qui lui est bien précieux.
Ce bel aigle a vu en dernier lieu la nouvelle ménagerie de Fontainebleau, et les nouveaux oiseaux brillants qui décorent une belle vollière. Il juge parfaittement de leurs différents ramages. C'est à lui d'établir par son éxemple une jolie vollière à Bruxelles. Il ne faut souvent qu'un seul homme pour faire règner le bon goût dans le païs qu'il habite. L'émulation gagne de proche en proche. Il en est des choses de l'esprit comme des coëffures des femmes. Il suffit, dans tout païs, d'une belle Dame pour mettre une nouvelle coëffure à la mode. De même, c'est assez d'un homme supérieur par son rang et par son esprit, pour mettre à la mode les beaux arts et le bon goût. C'est ce que fait l'aigle dont je parle. L'aigle que je remercie, et dont je suis avec un profond respect Le très humble et très obéissant serviteur.
Le vieux hibou V.