18 8bre 1776
Je vous admire, monsieur, de continuer à aimer, à cultiver les lettres, au milieu des prodigieux détails d'affaires dont vous devez être chargé.
Je vous admire encore plus d'avoir su conserver votre chambre quand le bâtiment s'est écroulé; c'est que vous avez su plaire, et c'est assurément le premier de tous les talents. Vous n'avez pas eu besoin des moyens du sr Moncrif.
Je vous remercie du Camoëns. Je ne l'avais jamais lu tout entier, et je crois encore que peu de gens le liront tout entier.
J'ai été bien inspiré de dieu, en n'envoyant point à mr de Clugny des requêtes de ma colonie dont j'étais chargé; il ressemblait alors à mr Turgot par sa goutte, et même il l'emportait beaucoup sur lui; mes requêtes auraient fort mal pris leur temps: je laisserai tomber probablement cette colonie qui m'a coûté tant de peines et de dépenses; je ne dirai point, Urbem praeclaram statui mea mœnia vidi. Ma consolation serait de vous voir dans votre maison, mais il n'y a plus moyen de transplanter un vieux arbre séché qui n'a plus ni feuilles ni racines.
Permettez que je vous envoie une lettre pour un homme qui est aussi intrépide dans la philosophie qu'il est doux dans la société, cet homme là paraît tout fait pour vous. Que ne puis je me trouver entre vous deux! Je crois y être en vous écrivant.
V.