1er avril 1771
On dit que mr l’abbé Arnaud sera élu; j’en suis très aise.
Je sais que c’est un homme de beaucoup d’esprit, et philosophe intrépide; c’est une très boñe acquisition. Je lui donnerai assurément ma voix de très grand cœur si j’étais à Paris. J’awais imaginé de Lile pour punir Clément qui me paraît un terrible fat.
Je persiste à penser et à vous dire que je trouve l’établissement des six conseils souverains admirable. Cela vivifie six provinces, auxquelles on rend la justice gratuitement. Il en coûtera beaucoup moins à l’état que la translation des prisonniers à Paris; cette dépense était prodigieuse. Enfin je suis fort aise de voir des assassins humiliés; et je ne conçois pas comment il y a des gens de lettres qui peuvent se déclarer contre une révolution si avantageuse. Pour moi je crois que depuis dix siècles on n’a rien fait de si beau.
Je n’ai pas longtemps à vivre; je dis ma pensée très librement; c’est le privilège des mourants. N’aurai je point vos discours aux deux académiciens?
V.