2e 8bre 1776
Je vous ai envoié, Monsieur, des éxemplaires d'une certaine Lettre à l'académie.
J'en ai envoié à plusieurs de vos amis sous vôtre envelope, comme à Mr De Condorcet, à Mr D'Argental, à Mr de Laharpe. Il faut que quelque espion des Anglais ait arrêté mes paquets en chemin, ou qu'il y ait en France quelque homme considérable qui préfère Shakespear à Corneille et à Racine, et qui prenne parti contre moi. Mes Lettres ne sont point parvenues. Cependant je reçois Le Camoëns de Mr De Laharpe, contresigné Cluny. La poste est plus favorable aux Portuguais qu'aux Anglais. Je crois que c'est à vos bontés que je dois ce Camoëns, et je vous en remercie, quoique je ne le croie pas tout à fait digne d'avoir été traduit par Mr De Laharpe.
Permettez moi de vous adresser une Lettre pour cet homme de génie, qui me parait plus fait pour être traduit que pour traduire. Je me flatte que ma Lettre vous étant adressée sera plus heureuse que les autres.
Conservez vos bontés pour le vieux malade de Ferney qui vous aime comme s'il avait eu l'honneur de vivre longtems avec vous. Je ne sais rien des affaires de ce monde, aussi je ne vous en parle pas.
V.