à Ferney 14e auguste 1776
Monsieur,
Quoique je ne me mêle plus que d'achever en paix ma carrière, si je puis, et d'achever aussi la petite ville que j'ai commencé à bâtir, et qui est sous vôtre protection comme sous celle de Monsieur De Trudaine, je dois pourtant mettre à vos pieds la copie de la délibération de nos états.
Vous verrez qu'ils ne demandent rien que de juste; rien que M: Turgot ne leur ait promis, et que c'est réellement une dette que Messieurs les fermiers généraux doivent acquitter.
Je pourais ajouter d'autres prières à celle que je vous fais. Je pourais vous parler de la difficulté énorme qu'on trouve déjà à taxer L'industrie pour paier Trente mille Livres à la ferme générale; mais je me borne, Monsieur, à vous représenter qu'il nous est impossible de rien donner de ces trente mille Livres si la ferme générale ne nous vend pas du Sel pour la paier. C'est un très petit objet pour le roiaume de France, mais vous daignez jetter les yeux sur les petits comme sur les grands. Je m'en remets entièrement à vôtre protection et à vos bontés.
J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire