A Fernei 3 mai 1776
Monsieur de Trudaine, votre digne ami, monseigneur, m'a fait voir un édit sur les vins qui vaut bien celui du 14 septembre sur les blés.
Ces deux pièces véritablement éloquentes, puisque la raison et le bien public y parlent à chaque ligne, n'ont qu'à se joindre à l'édit de la caisse de Poissi, et la France est sûre de faire bonne chère. Les aloyaux, que les Anglais appellent rost-beef, valent bien la poule au pot. Je crois bien que le parlement de Bordeaux sera un peu fâché, mais le parlement de Toulouse sera fort aise.
Monsieur de Trudaine est témoin des transports de joie que vous avez causés dans tous les pays qui nous environnent. Nous voyons naître le siècle d'or; mais il est bien ridicule qu'il y ait tant de gens du siècle de fer dans Paris. On m'assure pour ma consolation que vous pouvez compter sur la fermeté de Sésostris: c'était là mon plus grand souci.
Je n'ose vous supplier de me confirmer cette heureuse anecdote dont dépend la destinée de toute une nation; mais je vous avoue que je voudrais bien, avant de mourir, être sûr de mon fait, et pouvoir vous excepter du nombre des grands hommes dont Horace a dit:
Quant à notre sel, monseigneur, je ne vous en importunerai plus, puisque je vois que vous n'oubliez rien.
Quant à la dame Lobreau, il est clair que son argent est tout aussi bon que celui des épiciers qui veulent donner la comédie sans avoir d'acteurs.
Pour votre part, il est
Vous voyez que je passe ma vie entre vos ouvrages et ceux d'Horace: je ne peux mieux finir ma carrière.
Made Denis est pénétrée de l'honneur de votre souvenir, et nous le sommes tous de vos extrêmes bontés.
V.