A Fernei 29 juin 1775
Monseigneur,
Il y a ici deux prêtres de votre humanité, l'abbé Mords-les, et moi chétif.
Nous chantons votre office. L'abbé est témoin des bénédictions que vos très sages lois ont attirées sur nous. La liberté du commerce des grains amène l'abondance, non seulement dans ma petite province, mais dans tous les pays voisins, soit français, soit étrangers. Le blé est un peu cher, mais il doit l'être, mais personne n'en manque, ni ne craint d'en manquer: c'est le point principal. L'agriculture est partout encouragée. On ne connaît point ici les sophismes inintelligibles, et le galimatias ampoulé des ennemis de la liberté du commerce. L'abbé vous en rendra un bon compte.
Quant au vieillard de quatre-vingt et un ans, ce bonhomme Siméon n'a pas la consolation de voir, mais il sent salutare suum. Il n'a plus d'enthousiasme que pour ces grands et sages projets qui doivent un jour revivifier la France. Heureux le roi qui vous a choisi, et heureux ses peuples
Les petits états de mon petit pays de Gex attendent leur sort du compte que m. de Trudaine vous a sans doute rendu, et de votre décision.
Le vieux malade de Fernei oublie tous ses maux pour boire à votre santé avec le grand-prêtre Mordes-les et pour vous renouveler son profond respect et son attachement inviolable.
V.