1775-09-30, de Jacques Antoine Hippolyte de Guibert, comte de Guibert à Voltaire [François Marie Arouet].

M. le comte de Schomberg m'a communiqué, monsieur, ce que vous avez eu la bonté de lui mander au sujet de mon éloge de Catinat.
Vous n'auriez pas à me reprocher de ne vous l'avoir point envoyé, si j'eusse été vainqueur. J'ai cru que l'ouvrage couronné avait seul le droit de vous être offert. J'ai rendu avec transport un hommage public à la mémoire de Catinat. Il est, depuis longtemps, le héros de ma pensée; & j'aurais encore mieux aimé d'écrire son histoire que son panégyrique. Cette disposition à le louer par des faits plus que par des phrases, & à tirer ainsi le mérite de mon discours, plus de lui que de moi, a peut être un peu nui aux formes académiques; mais je m'en console en apprenant que vous l'avez lu avec intérêt. J'ai prétendu en secret à votre suffrage plus qu'à la couronne de l'académie. Retiré au pied des Alpes & y faisant le destin de notre littérature, vous pouvez vous appliquer avec justice ce vers de Sertorius: Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où je suis.