1775-07-26, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Je vous avais prié mon cher ami de différer l'entière exécution de vos bontés pour Morival jusqu'à ce que le roi son maitre se fût expliqué.
J'ay reçu depuis peu les ordres de ce prince qui appelle ce jeune officier auprès de sa personne, lui donne une pension, le fait capitaine, et le déclare son ingénieur. Il parait même par la lettre de S. m. p. qu'il fait espérer une fortune considérable pour celui que vous protégiés. Il dit qu'il veut être sa seule ressource. Ce sont ses propres expressions. Enfin il fait sentir qu'il ne faut pas s'adresser à d'autres qu'à lui. Je ne puis dans ces circomstances que vous remercier avec la plus vive tendresse des peines infinies que vous avez eu la bonté de prendre. Le jeune homme en est pénétré ainsi que sa famille. Il n'oubliera jamais ce que vous avez daigné faire pour lui. Il a dans le caractère une fierté qui s'acorde très bien avec la modestie, et qui ne permet pas l'ingratitude.

Aurons nous le bonheur de vous posséder avec madame d'Hornoy? On dit qu'un certain major et un certain abbé demandent des dommages à Mr de Richelieu. Nous sommes créanciers antérieurs à ce major et à cet abbé.

Il faut que je finisse car mon papier est déchiré. Je vous embrasse bien tendrement.

V.