12^e May 1775 à Ferney

Monsieur,

Ces jours passés un pauvre ouvrier, natif des environs de Nantua, étant venu travailler à l'une des maisons que je fais bâtir, il arriva qu'un de ses camarades en badinant auprès de lui avec un fusil, le déchargea à bout portant sur le coude de ce jeune homme.
Je le fis porter sur le champ au château. J'ai fait venir des chirurgiens de Genêve, et j'en ai eu tout le soin possible.

Mais comme on ne peut faire venir M^r Cabanis deux fois par jour pour le pancer, et que nous n'avons point encor d'hôpital à Ferney, j'ai recours à vos bontés. Je vous prie de vouloir bien procurer à cet infortuné une place dans l'hôpital de Gex. Je paierai ce qu'il faudra, et je vous aurai une obligation infinie. Vôtre humanité m'enhardit à vous demander cette grâce.

J'ai l'honneur d'être avec l'attachement le plus respectueux

Monsieur

Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire