à Ferney 15e auguste 1770
Monsieur,
Le boucher établi à Ferney pour la première fois depuis que ce hameau éxiste a été utile, tout ignorant et tout pauvre qu'il est.
Il fournit tous les environs. Celà fait voir évidemment qu'il n'y a qu'à vouloir pour se tirer de la dépendance de Genêve.
Un négociant assez intelligent compte s'y établir. Mais il faut pour lui procurer quelque succez présenter au ministère un mémoire, dans lequel on fasse voir les avantages pernicieux qu'on a jusqu'icy donnés aux étrangers, aux dépends de la nation, et la raison pour laquelle toutes les marchandises sont à meilleur marché à Genêve qu'à Gex.
Je ne doute pas, Monsieur, que vous n'aïez dans vos papiers quelques détails sur cette cause de la pauvreté où la province est réduite. Je vous serai très obligé de vouloir bien me mettre au fait. Ce sera un nouveau service que vous aurez rendu à la province. Il est tems de briser des entraves si odieuses. Si on attend que Versoy soit bâti on attendra trop longtems. Vous avez toujours montré qu'on ne peut trop se hâter de faire du bien.
J'al l'honneur d'être avec un attachement respectueux
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire