14^e avril 1770

Si vous êtes à Paris encor, Monsieur, vôtre bibliothécaire vous présente une requête au nom du païs de Gex.
C'est qu'aucune des Lettres qu'on nous écrit ne passe par Genêve, et que tout soit adressé à Versoy où nous les envoions chercher.

Les Lettres simples de Paris à Gex et à Versoy ne doivent coûter que neuf sous, et elles en coûtent quinze en passant par Genêve. Celà fait au bout de l'année un objet très considérable pour les particuliers, surtout dans un tems où M^r L'abbé Terray nous invite à l'économie.

Oserais je encor vous suplier de vouloir bien faire insérer dans les petites affiches cet avertissement:

Tous ceux qui écrivent au païs de Gex, sont avertis d'adresser leurs Lettres à Versoy et non pas à Genêve, sans quoi elles courent risque d'être Perdues.

Je me charge de faire passer le même avertissement au Mercure et à la gazette.

On me dira peut être qu'il faut que les citoiens se retranchent, et que la ferme des postes gagne, mais si les citoiens n'ont plus d'argent pour paier les pensées de leurs amis, que deviendrons nous? Un peu de commisération, messieurs, je vous en suplie.

Je fais toujours de sincères vœux dans ce saint tems de pâques, pour la délivrance de S^t Grizel et de s^t Billard; mais je fais encor plus de vœux pour être en état de vous recevoir à Versoy ou à Ferney, si les nouveaux établissements vous engagent encor à faire quelque voiage dans nôtre païs. Vous y trouverez des amis véritables, car vous êtes aimé par tout où vous allez, et surtout de Mad^e Denis, et de frère François.