4e May 1775
J'envoie à l'orateur de la raison et de la patrie, quelques éxemplaires de son ouvrage sur les bleds, qui m'arrive dans le moment.
Veut-il qu'on lui en fasse passer d'autres? Il sera servi sur le champ.
J'attends la continuation des Lettres qui soutiennent les opinions d'un sage contre les sistêmes d'un banquier. Ce procez doit intéresser toute la nation, et l'Europe entière.
Je suis très fâché qu'un banquier deffende une si mauvaise cause. Je suis fâché aussi d'avoir prié les Bertrands de demander l'avis de Beaumont et de Target. Quand on veut conduire ses affaires à cent lieues de chez soi, on les fait toujours mal. A peine a t-on écrit une lettre qu'il survient un incident qui change tout, et c'est à recommencer.
N'allez point chez des avocats, Messieurs Bertrands, ne fesons rien et attendons.
Mais surtout, je vous conjure de ne jamais écrire à mon cher Tressan, que d'étranges machines, fiers des feux follets d'un instinct perverti, vont persécutant l'écrivain sans parti.
Je ne suis pas étonné que Mr le garde des sceaux n'ait rien entendu à cet abominable galimatias. Il faut bien se donner de garde de faire courir de pareilles sottises qui seraient capables de faire un tort irréparable.
A l'égard du jeune homme sacrifié par les bœufs Tigres c'est à son maître à prendre vivement ses intérêts. C'est à lui de protéger les gens qui pensent comme lui. S'il ne donne pas dans cette affaire un grand éxemple de magnanimité, s'il ne fait pas rougir et trembler les bœufs-Tigres, je ne le regarde que comme un singe.