à Ferney 11e avril 1775
Messieurs,
J'ai reçu de Monseigneur le Duc De Virtemberg une Lettre par laquelle il m'assure que vous avez fait tous les arrangements pour me paier.
Je reçois aujourd'hui vôtre Lettre du 5 avril par laquelle vous me mandez que vous ne pourez me rembourser les soixante et dix mille francs, et les arrérages en question, que dans une année.
Je dois plus de quatre vingt mille francs. Je tâcherai d'engager de mon côté mes créanciers à attendre une année.
Voudriez vous m'indiquer du moins, la manière dont vous me paierez, les époques que vous choisirez, les sommes que vous me ferez toucher, le tems précis où le paiement de chaque somme sera fait. Je prendrais sur celà toutes mes mesures. Il faut que je sache précisément sur quoi compter. Je me flatte que vous ne me refuserez pas cette faible consolation; je crois la mériter par la manière dont j'en ai usé avec vous. Mon âge d'ailleurs éxige que toutes mes affaires soient en règle. Je vous prie très instamment de me faire réponse le plus promptement que vous pourez.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois
Messieurs
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire