1775-01-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bernhard Wilhelm Goltz.

Monsieur,

Le roi de Prusse continue à honorer de sa protection mr d'Estallonde, et nous comptons sur la vôtre. Il ne nous faut actuellement qu'un sauf-conduit à peu près tel que nous osons en présenter le modèle. Une grâce si légère ne peut se refuser, et m. d'Estallonde en a un besoin essentiel pour aller lui même dans sa ville rechercher les pièces essentielles qui lui manquent. Elles démontreront son innocence et les manœuvres infernales dont on s'est servi pour faire condamner deux jeunes gentilhommes pleins de mérite à des suplices plus horribles que ceux dont on punit les parricides.

Nous avons déjà six mille pages de la procédure, et cela ne suffit pas à beaucoup près. Vous auriez gagné quatre ou cinq batailles en bien moins de temps que cet exécrable procès n'a été jugé.

Le sauf-conduit dépend de m. le comte de Vergennes. Mr le comte de Maurepas a trop de grandeur d'âme et trop de bonté pour s'y opposer. Vous aurez, monsieur, la satisfaction d'avoir conservé la vie, l'honneur et la fortune à un jeune gentilhomme digne de servir sous vous.

J'ai l'honneur d'être avec respect et reconnaissance

mr

de votre exc: