31e xbre 1774 à Ferney
Mon cher Marquis, je vous suis bien obligé de me donner de vos nouvelles et de celles de Monsieur D'Argental. Elles m'intéressent plus que Henri 4 chez Michaud, ou à la comédie italienne, ou chez Nicolé.
Je comptais en éffet venir vous voir au printems, vous, et Henri 4. Quand par hazard j'ai un moment de santé, je suis prêt de faire cent lieues; mais le moment d'après je retombe dans mon néant.
Je suis comme ces autres vieillards qui s'imaginent quelquefois les matins être en état de se marier, et qui le lendemain envoient chercher leur notaire pour faire leur Testament.
Je vous souhaitte longues et heureuses années qui ne sont plus faittes pour moi. S'il était vrai que le Roi fût venu au parlement le 30e du mois, comme on le dit dans nos déserts, vous me feriez plaisir de me l'apprendre.
Mandez moi aussi si l'artiste qui a fait vôtre chaine de montre, doit envoier son correspondant chez le banquier Tourton ou chez Mr Germani.
Je vous embrasse de tout mon coeur.
V.