à Ferney 28^e 9^bre 1774

Mon cher Marquis, je voudrais vous apporter moi même vôtre chaine, mais donnez moi de la santé et de la vie, et je vous aporterai autant de diamants, vrais ou faux, qu'il vous plaira.

Je viens de lire le discours du Roi au parlement, je ne connais rien de si sage et de si noble. Le Roi est le meilleur auteur de son roiaume. Que les polissons qui nous accablent de brochures apprennent à penser et à écrire, ou plutôt à se taire.

On dit que vous allez avoir Henri 4 à la comédie française, à l'italienne, et chez Nicolé. Qu'on le fasse au moins parler comme il parlait.

A propos, vôtre chaine vous coûtera quatre Louis, parce qu'il y a plus de Karats que dans l'autre. Elle est chez M^r D'Ogny, intendant général des postes. N'est-ce pas chez M^r Germani, banquier, que vous avez envoié le paiement de la première? Je vous prie de m'en donner avis. Je suis à la tête d'une colonie; il faut que tout soit en règle.

Quoi que je n'aie pas grande foi aux discours de Paris, voulez vous bien cependant me mander ce qu'on pense dans cette babillarde ville de l'affaire de M^r De Richelieu? Mais surtout, dites moi au juste, en quel état est la santé de Madame D'Argental; et n'oubliez pas de m'accuser la réception de la chaine; car vous autres parisiens vous êtes fort sujets à oublier les provinciaux. Ayez pour moi bonté et éxactitude.

V.