à Ferney 15e auguste 1774
Les artistes de ma Colonie, Monseigneur, qui ont fourni selon vos ordres une montre garnie de diamants pour les noces de Madame la Comtesse D'Artois, se jettent à vos pieds.
Ils adressèrent cette montre à Monsieur D'Ogny qui la présenta lui même à Made Dubarry, laquelle s'était chargée des présents.
Cependant, cette montre n'a point été comprise dans la Liste de Monsieur De Laferté signée de vous, et Mr De Laferté n'en a jamais entendu parler.
Je suis honteux et je vous demande pardon de vous parler de cette petite affaire aumilieu de toutes celles que vous avez. Mais ces pauvres artistes, qui sont d'ailleurs très vexés, et qui sont fort à plaindre, me forcent de vous demander vôtre protection pour eux. Il parait qu'ils n'ont que deux ressources, l'une, de vous suplier de vouloir bien faire réparer cet oubli dans le premier compte que signera Monsieur le Duc D'Aumont; l'autre; de demander le prix de leur montre à Made Dubarry elle même puisqu'ils la lui ont envoiée, et qu'il est très certain qu'elle l'a reçue des mains de Mr D'Ogny.
Je vous suplie très instamment d'avoir la bonté de me donner vos ordres sur cette affaire.
La mort du notaire La Leu me met dans la situation la plus désagréable et la plus pressante. Vous éprouvez vous même dans le moment présent des embarras qui vous font sentir à quel point sont à plaindre de simples particuliers sans protection.
Je compte toujours sur vos bontés, et je me flatte qu'elles seront proportionées à un attachement d'environ cinquante ans. Reconnaissez à cette époque vôtre très vieux, très malade, et très fidèle serviteur
V.