à Geneve le 26 Déc. 1774
M.,
M. Watelet votre confrère et mon ami m'a addressé l'exemplaire que je joins ici d'un nouvel ouvrage qu'il vient de publier.
Je ne puis mieux m'acquiter de cette commission qu'en copiant le passage de sa Lettre qui la renfermait. Le voici.
‘Je vous prie de vouloir bien en offrir un exemplaire au Nestor de Ferney, qui sait si bien, quoique éloigné de nous, apprécier toutes nos folies, tandis que, toujours occupés de lui, nous goûtons les fruits de sa sagesse et de ses brillants loisirs. Il aurait rendu ce sujet piquant, et lui aurait donné de l'intérêt, s'il avait daigné le traiter: occupé d'objets bien plus utiles, il n'a jamais cependant dédaigné ceux qui pouvaient lui offrir quelque agrément, et les charmes de la campagne, ainsi que le bonheur de la retraite, auxquels il doit une partie de sa gloire, et nous tous les plaisirs qu'il nous a donnés et qu'il nous donne sans cesse, ne peuvent lui être indifférents. Enfin, à quelque titre que ce soit, comme confrère qui s'honore de ce titre, comme admirateur de ses ouvrages ou comme reconnaissant des marques d'intérêt qu'il a bien voulu me donner en plusieurs occasions, je serai content s'il agrée mon petit hommage plus par égard pour l'intention que pour le mérite de l'offrande.’
M. Watelet est un homme sensible et instruit, qui vit heureux, chéri de ses amis et des artistes. La douceur de ses mœurs, et la sagesse de son goût se font sans doute sentir dans son ouvrage, que je n'ai pas encore eu le temps de bien examiner.
J'ai l'honneur, etc.