1759-12-01, de Louis François Prault à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur quoique je n'aie pas l'honneur d'être connu de vous j'espère cependant que vous ne trouverez pas ma démarche déplacée.
Je m'appelle Prault et suis le fils de celui qui a imprimé jadis une partie de vos ouvrages. Faisant actuellement commerce séparé de mon père après avoir acquis de lui tout ce qu'il tenait de vous, je suis prêt de publier un volume ayant pour titre Recueil D. Ce volume tel que les précédents contient différentes pièces historiques. Sans avoir examiné ce qu'il renfermait manuscrit je l'avais d'abord envoyé à l'impression. Cette impression achevée heureusement j'ai voulu voir par moi même ce qu'il contenait avant de le donner au public. En le parcourant je me suis aperçu de la pièce que vous trouverez ci-jointe. Je n'ai pas balancé à retrancher cette pièce pleine d'injures les plus atroces et des calomnies les plus noires qui n'a l'air que d'un libelle infâme et sans aucune vraisemblance. J'ai cru devoir ce sacrifice à vous même, à la grande réputation dont vous jouissez à si juste titre, et par dessus tout à l'amitié que vous avez eue autrefois pour mon père et que j'ose réclamer aujourd'hui pour moi, trop heureux si vous me trouviez digne de cette confiance qui lui a procuré tant d'avantages et qui me deviendrait d'autant plus utile qu'elle assurerait mon début dans le monde. Tout, vous savez monsieur, ne dépend que des premiers pas que l'on y fait et guidé par vous mon succès serait certain. N'ayez donc aucune inquiétude monsieur sur ce qu'il se répande aucun exemplaire où cette pièce soit car pour ma tranquilité personnelle je brûlerai moi même tout ce qui en existe. La qualité d'honnête homme dont je ferai toujours profession, ma vénération pour vous et le vif intérêt que je prends à tout ce qui vous regarde vous seront de sûrs garants de mon exactitude sur cet article.

J'ai l'honneur &c.