Comme je ne doutte nullement, monsieur, que ma lettre ne vous trouve toujours pensionnaire chés m^r Raclot, je vous l'y adresse directement, persuadé qu'elle vous sera remise en mains propres; je vous écris donc, monsieur, pour vous faire offre de mes services dans ce païs où je suis venu passer l'hyver, et vous proposer quelques articles de librairie en échange ou en argent.
Je vous envoye la note des livres que je puis vous fournir, et je vous serais très obligé si vous pouviés me procurer ou manuscrit ou imprimé un exemplaire de l'aretin moderne dont je voudrais faire faire une nouvelle édition. Je fais travailler actuellement à celle de l'histoire des papes qui sera très intéressante. La difficulté sera de la faire entrer en France. Je ne suis point en peine que vous ne trouviés le moyen pour avoir à Paris les livres que je vous faire passer et que je vous adresserai à Ville-Juif ou à tel autre endroit que vous jugerés à propos; je me flatte que dans la diversité des articles que je vous envoy il y en aura qui vous plairont et qui vous engageront à en faire de demandes. Je regarderai cette époque comme heureuse pour moi parce qu'elle me liera plus intimement à vous. Vous jugerés par ma façon de traiter combien je mérite votre confiance. Mon exactitude sera toujours égale aux sentimens d'estime avec lesquels je suis, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

La Bastide

Lausanne en Suisse, ce 2. 9^bre 1768