Monsieur,
Je sais qu'il n'y a que vos propres Traducteurs, j'entens les bons, qui puissent vous offrir des ouvrages dignes de vous, que présenter ma Pharsale à l'Auteur de la Henriade, c'est présenter à Raphael une faible copie d'après un Peintre du second ordre.
Cependant vous n'avés pas dédaigné de citer avec éloge un assés long morceau de Lucain, et même d'en imiter quelques passages. J'espère donc, Monsieur, que vous voudrés bien recevoir avec bonté son poëme entier en français, comme un hommage que vous rend son interprète, et que ce Romain qui osa disputer la primauté en Poësie au Maitre de l'Univers, vous eût lui même rendu.
Je suis avec les sentiments de respect, d'admiration, j'ai presque dit de piété due à tant [de] titres au plus beau, et au plus vaste de tous les Génies,
Monsieur,
Votre très humble, et très obéissant serviteur
Masson
P. S. Grâce pour les fautes d'impression, et surtout pour les miennes.
à Paris ce 16 aoust 1765