Au château de Ferney, le 27 9bre 1774
Vous rajeunissez, monsieur, un octogénaire en lui faisant lire votre poème de la France illustrée par les arts, et vous vous mettez au rang de ceux qui l'illustrent.
Vous élevez un nouveau trophée à la gloire des muses, qui fera le désespoir du citoyen de Genève, qui se sert de leurs armes pour les combattre, et de tant de petits détracteurs qui croient se faire remarquer en s'efforçant, comme la couleuvre, de ronger la lime. Tout ce que vous écrivez, monsieur, est plein de sentiment et de vérité. Votre éloquence est douce et persuasive; et je sens par moi même que Fontenelle a eu raison de vous écrire dans ses dernières années: Je m'aperçois en lisant vos ouvrages que le cœur ne vieillit point.
Il vous appartient sans doute plus qu'à personne de faire l'éloge du maréchal de Catinat, puisque vous vous distinguez, à son exemple, par les armes et par la littérature. Je ne puis qu'applaudir à vos travaux, monsieur, et peut-être, si ma santé me le permet, je serai cet été un de vos juges. Je suis fâché de ne pouvoir vous fournir aucuns éclaircissements sur votre héros. Vous savez que nous avons fait serment de ne nous mêler en aucune manière des ouvrages que l'on compose pour les prix.
Je serai charmé que vous soyez couronné, et pour l'être, vous n'avez besoin que de vous même. J'ai en main les garants de vos succès et de votre triomphe.
J'ai l'honneur d'être &a.
V.