13e auguste 1773, à Ferney
Je vous suplie instamment, Monseigneur, de lire, et de faire lire cet écrit sur une affaire qui me parait intéresser la plus saine partie de l’état.
Je m’en raporte à vôtre jugement. J’ose même ajouter que voilà une de ces occasions où les pairs du roiaume devraient rendre la justice.
Souffrez que je vous représente encor qu’un des comptoirs de ma colonie a bientôt achevé la montre que vous avez permis qu’on vous envoiât pour les noces de Madame La Comtesse D’Artois. Aiez la bonté de me dire si vous voulez qu’on vous l’envoie. Je la ferai partir sous le couvert de M: Le Duc D’Aiguillon. Il est important pour ces pauvres artistes d’être sûrs de vos ordres pour ne se pas consumer en frais inutiles.
Je vous réitière que vous pouriez faire l’acquisition de trois acteurs que sûrement l’envie de vous plaire rendrait excellente et peut être un jour supérieurs à Le Kain. Je suis consolé dans mes souffrances continuelles par l’espérance que vous avez bien voulu me donner de prendre sous vôtre protection Sophonisbe et les loix de Minos. Je me console surtout par l’idée d’aller vous faire ma cour à Bordeaux si vous y faittes un voiage, et si je ne fais pas celui de l’autre monde.
V.