7e auguste 1773, à Ferney
Si mon héros a un moment de loisir à Compiègne, je le suplie de daigner lire un petit précis très vrai et très exact, du meurtre de Mr de Lalli, Lieutenant général; et un précis très court de l’affaire de Mr de Morangiés, maréchal de camp.
Il peut être sûr de ne trouver dans ces deux mémoires aucun fait qui ne soit apuié sur des papiers originaux qu’on a entre les mains.
On a joué les loix de Minos à Lyon avec beaucoup de succez. Un acteur nommé La Rive a emporté tous les suffrages dans le rôle de Datame, et Laville a prié Lekain de jouer le rôle de Teucer à son retour au mois de septembre.
Pour moi, je vous suplie instamment Monseigneur d’avoir la bonté d’ordonner aux comédiens de Paris de jouer les Tragédies de Sophonisbe et de Minos. Je compte sur vos promesses autant que je suis pénétré de vos bontés. Je ne demande après tout que ce qu’on ne pourait refuser à Messieurs Le Mierre et Portelance.
J’ai encor une passion plus forte que celle des Tragédies, ce serait de vous faire ma cour aumoins deux jours avant de mourir au premier voiage que vous feriez dans vôtre roiaume de Guienne. Il ne faut nulle permission pour celà, les chemins sont libres. Je mourrais content.
J’envoie ce paquet sous le couvert de M: Le Duc d’Aiguillon, ne sachant pas si vous avez vos ports francs pour les gros paquets qui ne viennent point de vôtre gouvernement. Vous ne m’avez jamais répondu sur cet article.
Daignez me conserver vos bontés; elles sont la première des consolations d’un homme qui bientôt n’aura plus besoin d’aucune.