1773-07-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Louis Gaspard Fabry.

Monsieur,

Je suis rentré chez moi dans l'instant que vous en sortiez.
J'ai apris vos bontés. Je vous envoie le contract de nos bienfaits conférés à Louïset, qui était précédemment un manœuvre dont nous avons fait un bourgeois ingrat.

Le terme de Confiné dont s'est servi le cabaretier notaire Vuaillet ne pouvait convenir à la maison Louiset, qui est enfoncée bien loin du chemin; elle tend up peu à ce chemin; elle est à vingt quatre ou vingt cinq pieds de ce chemin, elle n'y est point contiguë, elle ne le borde pas; c'est la maison Carri qui le borde, qui y est contiguë.

La place sur laquelle la maison Carri et la maison Louiset furent bâties par les seigneurs de Budée apartenait à ces seigneurs; donc ce qui reste de cette place apartient à Made Denis qui leur a succédé.

Le mot de confiné emploié très mal à propos par le notaire ne peut ce me semble affaiblir les droits de Made Denis. Il signifie évidemment confiné à la petite place qui borde le grand chemin, et Made Denis n'a jamais concédé cette place. Louïset y avait mis une étable à porcs de mauvaises planches qui infectait le voisinage. Je dis à Louïset qu'il n'était pas endroit d'y mettre cet étable, et il l'ôta, ce qui prouve qu'il savait bien alors que la place ne lui apartenait pas.

Voilà, Monsieur, mes raisons, que je soumets à vos lumières et à vos bontés. Je vous suplie de vouloir bien me renvoier l'acte cy joint.

J'ai l'honneur d'être avec une respectueuse reconnaissance, Monsieur, Vôtre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire