1773-04-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François René Tabareau.

L’oncle et la nièce sont également pénétrés, Monsieur, de vos bontés, mais je crains qu’ils ne puissent pas en profiter sitôt.
Vous savez probablement quel rendez vous secret on a donné à l’oncle, et le tems de ce rendez vous est encor un peu incertain. La santé de ce pauvre oncle n’est pas rétablie, il s’en faut beaucoup. Il lui faudrait plus d’un jour se mettre en état de faire le voiage.

Il y a encor une autre raison qui pourait empêcher l’oncle et la nièce de hazarder l’avanture d’une loge grillée à une première représentation. Vous savez combien le parterre de Lyon est tumultueux ces jours là, et tout ce qui peut arriver de désagréable. Il me semble qu’il faudrait aumoins attendre la seconde journée, suposé qu’il y en ait une. Enfin il faut que les loix de Minos et l’auteur aient un peu de santé. Mais ce qui est bien sûr c’est que si je suis en vie je ferai tôt ou tard un petit voiage incognito pour venir vous remercier, pour vous embrasser, pour vous dire que vous n’avez point de serviteur plus tendrement attaché que le vieux malade de Ferney et de Prégny.