1773-03-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Vasselier.

Mon cher ami, il faut que je vous parle encor de mes craintes sur les loix de Minos.
Je vous répête que c’est une pièce très difficile à jouer, d’autant plus qu’il n’y a point d’amour. Les Lionais ne s’apercevront pas qu’il s’agit icy du Roi de Suede et du Roi de Pologne; parconséquent ils ne prendront nul intérêt à ces allégories.

D’ailleurs la pièce demande beaucoup de concert et d’apareil, à peine a t’on le temps de faire des répétitions. Je me serais volontiers donné la peine de venir arranger tout celà; mais ma maladie m’a trop contredit.

Enfin, ce que je crains le plus, c’est que le parterre ne soit trop plein et trop tumultueux. A Paris on ne donne qu’un certain nombre de billets pour empêcher la foule. Cette précaution serait bien nécessaire à Lyon.

Pouriez vous raisonner de tout celà avec Made Lobrau?

Je suis tombé malade bien mal à propos. Je vous embrasse de tout mon coeur.