9e Mars 1772, à Ferney
Mr Du Roncel et moi, mon cher correspondant, nous nous confions à vous, et nous vous demandons le plus profond secret.
Mr Duroncel me parait un jeune homme qui a du talent pour la prose et pour les vers. Il est attaché au roi de Pologne. Vous vous en apercevrez bien par son ouvrage, mais il ne faut pas qu’on s’en doute, car vous savez que nôtre cour n’est pas amie de ce malheureux prince. J’ai plus d’intérêt que personne à ne point passer pour le confident de Mr Du Roncel. Il veut bien passer pour être l’auteur du mémoire, mais il ne conviendra jamais qu’il ait eu le Roi de Pologne en vue.
Aureste, il demande une très belle édition; et il prie seulement Mr Rosset d’en envoier des éxemplaires aux personnes qui lui seront indiquées.
On dit qu’on a joué le mercredy des cendres à Paris, une Tragédie nouvelle intitulée Les Druides. C’est le même sujet que les loix de Minos; en savez vous des nouvelles?
J’ai reçu la petite boëte. Je vous embrasse de tout mon cœur.